Laurence Nerbonne : La vie en canevas

J’ai découvert le travail de Laurence en début d’année (mieux vaut tard de jamais). Ses tableaux m’ont de suite marqués pour plusieurs raisons, mais principalement parce que j’ai trouvé en eux une beauté gorgée d’émotions et un grand sens du vrai et de l’authentique.

Pas de biographie statique pour vous présenter l’artiste, mais plutôt une prise de vue virtuelle au travers de ses dires et de ses œuvres en photos.

    

Entrevue LAURENCE NERBONNE

♦ Ton premier tableau?

J’avais 16 ans et j’essayais de me débrouiller avec l’acrylique. J’avais peins un jeune garçon la tête appuyée sur ses genoux. C’était vraiment mal réussi. Je me souviens surtout que quelques jours après, je voyais déjà ce qui ne fonctionnait pas dans le tableau ; j’en ai toute suite fait un autre.

♦ Celui ou ceux qui t’habitent à chaque instant ?

Mon dernier tableau. J’ai vraiment l’impression, qu’une fois achevés, les tableaux ne m’appartiennent déjà plus. Lorsque je travaille avec un modèle, je dois me laisser habiter totalement par ce dernier ; je dois lui faire de la place. C’est probablement pour cette raison que je suis un peu amnésique face à l’ensemble de ma production.

♦ En un mot, la peinture pour toi :

Enigmatique

♦ Ce qui t’émeut le plus chez un modèle?

Quand il laisse tomber ses armes. Quand il arrête de poser et de jouer. C’est à ce moment là que je me sens privilégiée et que je commence à créer.

♦ Ton groupe du moment est Cocorosie : Ton morceau favoris? 

♦ Le regard est très important dans tes tableaux, tantôt lumineux parfois noirci. Quelle place a le regard des autres dans ta vie d’artiste?

Je suis très peu exposée aux regards des autres sur mon travail puisque la plupart de mes tableaux sont envoyés dans les galeries peu de temps après que je les ai terminés. Je ne vois généralement pas la réaction des gens. Je crois que cette situation me convient ; ça me permet de ne pas tomber dans l’autocensure.

♦ Les portraits ont souvent une pose ou un regard vulnérable, que représente la vulnérabilité pour toi?

La beauté et le danger.

♦ La musique fait aussi partie de ta vie, comment ces deux arts cohabitent-ils ? Ou sont-ils plutôt dissociés l’uns de l’autre?

Je ne me suis jamais dit que j’allais devenir peintre ou musicienne. Je crois que j’ai utilisé les moyens que j’avais pour tenter de communiquer quelque chose d’intense et de vrai aux gens. Derrière la peinture ou la musique, il y a cette même volonté de comprendre l’être humain et de le magnifier.

Le groupe de musique  » Hotel Morphée » dans lequel Laurence joue du violon et chante : ici 

♦ Un artiste que tu admires?

Sophie Calle : Artiste plasticienne, photographe, écrivaine et réalisatrice française, née à Paris le 9 octobre 1953. Depuis plus de trente ans, son travail d’artiste consiste à faire de sa vie, notamment les moments les plus intimes, son œuvre en utilisant tous les supports possibles (livres, photos, vidéos, films, performances, etc.) (Def. de Wikipedia)


♦ Un souvenir d’enfance qui t’a marqué ?

J’étais assise à la table de cuisine pour faire une reproduction d’une photo d’Einstein au crayon de plomb. Ma mère qui épluchait ses carottes est passée derrière moi et m’a dit : regarde c’est facile, sépare l’image en sections selon les différents tons, oublie les traits, il n’y a que des formes qui s’agencent en un tout. Ma mère est enseignante en art. Ma technique est encore basée sur ce principe aujourd’hui.

♦ L’aspect presque clérical omniprésent dans ton œuvre (on a parfois l’impression que les sujets sont de cire, leurs poses, la lumière tamisée ou encore la composition des couleurs souvent monochromes ). La religion a-t-elle une importance particulière pour toi?

Très jeune, ma grand-mère m’amenait à l’église. Je détestais ça. Il y avait cette magnification de l’homme en images et en sculptures qui me fascinait et qui me terrifiait à la fois. Moi le petit jésus, je le trouvais sexy et puis déjà je commençais à me sentir coupable! Je crois que j’essaie encore de comprendre aujourd’hui le côté tordu du catholicisme et de représenter dans mon travail, les pulsions contradictoires qu’a entraînée chez moi la religion.

♦ Les oeuvres en photos

Site web de l’artiste : ici et ici

Se les procurer  : ici 

Trois

La Bette III

LaurenceVI

*Merci Laurence pour la générosité dans tes réponses et pour ton temps *

2 réflexions sur “Laurence Nerbonne : La vie en canevas

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